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lundi, décembre 27, 2004

Reflux 

Il est bien difficile d'imaginer ce qu'a pu etre le gigantesque raz-de-maree survenu hier matin sur presque tous les rivages de l'Océan Indien. Le documentaire-fiction diffusé la semaine dernière sur la "tempête du siècle" était impressionnant et faisait revivre avec angoisse ces heures où le jet stream, dirigé vers la France, y avait propulsé l'équivalent d'un cyclone. Pourtant cela était bien peu comparé au cataclysme d'hier. Les échelles logarithmiques défient la représentation intuitive et 8.9 sur l'échelle de Richter, suivis de vagues de 800 km/h, pour finir à plus de 30000 morts, rien ne permet d'envisager cela. Alors, au fil de la journée les histoires des uns et des autres exposés à la vague sont arrivés plus nombreux et l'on commence à réaliser ce que les chiffres disent.
Cette myriade d'histoires tragiques, dispersées sur de si nombreux pays, c'est l'image d'un courant surpuissant emportant les corps comme les immeubles, un flux puis un reflux gigantesques. Une catastrophe antique.
Tout semble bien loin vu de Paris pourtant. Quelques récits pour imaginer et toujours ces décomptes provisoires inutiles. Pas de nouvelles de la Birmanie non plus selon Libération, et pourtant le pays a du etre bien touché lui aussi. Peu d'images d'Indonésie non plus. Sri Lanka, Thailande et Maldives en premiere ligne médiatique.
Après avoir découvert par blog interposé à quoi ressemblait le littoral thailandais, ces iles si nombreuses, tout ce tourisme aussi, la bonne nouvelle a été de lire rapidement un post de blog-trotteur - Franck, heureuse idée d'être resté à Bangkok ce week end!

Cant de la Sibil / Song of the Sybil
Il est vain de parler musique directement mais si une musique convient aux ciels lourds, aux temps difficiles, du moins à leur évocation, c'est Dead Can Dance, et plus généralement la musique médiévale qu'ils ont aidé à faire apprécier d'un public plus large. Dead Can Dance sera en concert en mars prochain à Paris et pour l'heure je retrouve avec plaisir la puissance évocatrice de leur musique, la force de leurs voix aussi tout simplement. Ils se sont donc beaucoup inspirés de la musique médiévale et, en visite de ce rayon à Jussieu Classique, un CD m'a intrigué: Cant de la Sibil (Jordi Savall/Montserrat Figueras) avait un titre étonnament proche de Song of The Sybil de Dead Can Dance. Version catalane du mythe des Sybilles, cette musique avait l'air bien intéressante - sans compter qu'en fin de parcours de lecture de l'histoire de l'hérésie cathare, c'était l'occasion aussi de pouvoir écouter la musique de ce temps, du peuple catalan que je vois brûlé à longueur de pages. Achat à l'aveugle de suite, et pour le mieux: ce disque est magnifique. Il s'y trouve bien en plus, dans le chant catalan justement, la mélodie reprise par Lisa Gerrard pour la chanson de Dead Can Dance. Magique.

Rois et Reine
Hier soir, poussé par la critique unanime, avide de retrouver Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, enfin tout l'univers de "Comment je me suis disputé", je suis allé à "Rois et Reine". Avec une appréhension, car il est bien plus facile d'aller voir un film dont on attend rien, mais pas pour longtemps. Ce film est un grand roman, aux personnages complexes, aux chapitres savamment agencés. La langue est parfaite, parfois presque trop, mais elle participe largement au plaisir de ressentir au cinéma les émotions habituellement reservées aux grands romans, à Proust par exemple. Beaucoup de rires, d'amertume, de questions, ce film fait penser à lui longtemps. Bref, j'ai beaucoup aimé ...comme la critique unanime. Film français de l'année! Et pour l'étranger, ce sera "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" (Michel Gondry est certes de Versailles... mais ce film est bel et bien américain). Ma carte postale pour le référundum du masque est prête.

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