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mercredi, décembre 07, 2005

Höchste Lust! 

L’Opéra de Paris excerce sur moi une permanente attraction/répulsion, une fascination lointaine, qui m’empêche certes de m’abonner (trop cher, trop snob, mais oui, public et dirigeants fermés sur eux mêmes ...et puis trop d’opéras qui ne m’intéressent pas) mais à l’occasion me voit prêt à débourser quelques euros (euphémisme) pour un beau spectacle. Il faut s’y prendre plusieurs mois à l’avance, payer cher (je me répète je crois), bref, accepter les règles du jeu. Et c’est vrai que ce n’est pas exactement le meilleur moyen d’être dans de bonnes dipositions pour accepter la nouveauté, les idées, le changement dans la représentation d’une œuvre favorite -vous l’aurez compris, impossible d’aller voir une œuvre au hasard, on investit sur les valeurs sûres.
Qu’à cela ne tienne, pour préparer l’échéance et éviter les surprises (un parti pris novateur est mieux accepté une fois digéré, autant commencer le processus tôt), il reste les critiques et Internet. Encore mieux si le spectacle a déjà été donné récemment dans la même production.


Pour Tristan und Isolde, auquel je me suis rendu mardi soir, les conditions étaient remplies, et cette production nouvelle, clou de la saison 2004/2005, avait déjà remporté un beau succès au printemps dernier. A l’époque d’ailleurs, l’Opéra de Paris a même eu droit à des critiques dans la presse étrangère (Guardian), cette nouveauté a intéressé. Le talent des chanteurs aussi je crois. Le point clé de cette production, derrière laquelle perce clairement le style du nouveau directeur Gérard Mortier et son intérêt pour l’art contemporain, est la video -nouvelle corde artistique vers la gesamtkunstwerk que cherchait Wagner? (disons une offre quadruple play en opéra numérique!)
Pas de décors, un fond noir, un écran format cinéma (puis vertical au 3e acte) au centre domine le tout. Le regard jongle donc entre les acteurs (qui opèrent sans se soucier de l’écran), les images …et le sur-titrage au dessus (il faut bien suivre quand même). C’est assez fatigant, mais on récupère aux entractes, et c'est surtout très riche.
Le jeu de scène d’un chanteur d’opéra reste malgré tout limité, leur incarnation physique du rôle (2e euphémisme) aussi, il y a donc un peu de place pour un autre niveau de représentation, par l’image, qui donne au spectateur un autre niveau de lecture de l’œuvre. Des symboles, un écho en mouvement au sens profond de l'histoire et à la relation passionnelle en action. A l'exception de quelques séquences moyennes (la mise à nu de deux personnages à l'acte I), la plupart des idées sont bien un nouveau relief apporté au flot de l'opéra, un espace de lumière, de feu, et surtout aquatique. Des images simples finalement, très esthétiques aussi, avec lesquelles aucun décor ne peut rivaliser.


Je ne connais pas beaucoup d'interprétations de Tristan et le chant m'a donc semblé pas mal du tout (le public a aimé en tout cas) mais je suis amateur de Wagner avant toute chose pour sa musique et entendre dans l'opéra obscurci le prélude de l'acte III par exemple, avec la mélodie du berger ensuite, magique! Les choeurs disposés dans les étages est toujours une aussi bonne idée, l'effet est saisissant.
Alors 4h de spectacle, 5h15 avec les entractes, c'est surement long, avec des moments de fatigue bien sûr, mais finalement rien ne vaut cette concentration en une soirée, cette confrontation avec une oeuvre immense sans se dérober.

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